Le maternage proximal : un concept qu’il est devenu important de nuancer. Car, à l’aire des réseaux sociaux, on l’associe à tellement de pratiques et d’injonctions qu’on en perd son latin.
Voilà pourquoi j’ai invité 5 professionnelles de la petite enfance et de la parentalité à venir s’exprimer sur le sujet au sein d’un épisode de podcast spécialement consacré à celui-ci.
Qu’est-ce que ça veut dire, finalement, materner de façon proximale ? Y a-t-il vraiment une seule façon de bien materner ?
Allaitement, diversification alimentaire menée par l’enfant (DME), portage physiologique, Hygiène Naturelle Infantile (HNI), motricité libre, co-dodo, langue des signes bébé, instruction en famille, … faut-il vraiment mettre tout ça en place ?
Ecoutez cet épisode sur le podcast ⤴️
Et si vous préférez lire, voici le résumé :
Qu’est-ce que le maternage proximal ?
Pour Marianne Bertrel* le maternage proximal signe un retour au naturel et au respect de la physiologie de l’enfant dans les pratiques parentales.
On renoue avec des pratiques comme le portage physiologique, la diversification alimentaire menée par l’enfant, le co-dodo, le bain et la motricité libre, l’allaitement non écourté ou encore l’Hygiène Naturelle Infantile (HNI).
Mais s’inscrire dans un maternage proximal ne se résume pas à cocher des cases sur une liste.
C’est effectivement la principale critique qu’on peut faire à la valorisation actuelle du maternage proximal : celle de le présenter comme un « package ». Comme une liste de case à cocher pour correspondre à un modèle idéal, parfait et surréaliste, tel qu’il peut parfois être véhiculé par des comptes vitrines sur Facebook et Instagram.
On en perd alors l’essence même de ce qui anime les familles qui s’inscrivent (parfois même intuitivement, sans le savoir) dans cette approche.
Le maternage proximal, précise Rokiyah Hosen*, c’est répondre aux besoins de son enfant dans l’immédiateté et de manière continue. Et ce, dans une certaine proximité physique. C’est aussi une sorte d’économie de temps et d’énergie.
Une étiquette qui rassemble
Les parents qui pratiquent un maternage proximal – le leur, à leur façon – le savent bien. On peut parfois se sentir à contre-courant de la majorité, comme des extra-terrestres dans notre société actuelle qui prône la productivité dans tous les domaines.
Découvrir le concept peut ainsi s’avérer révélateur et rassembleur. Ainsi, nous ne sommes pas les seuls!
Avec sa première fille, Anna Bonneviot-Lalot* s’est trouvée tiraillée entre les remarques de son entourage … et ses propres envies quant à la mère qu’elle voulait être pour son bébé. Découvrir le maternage proximal en se renseignant sur Internet lui a fait beaucoup de bien. Cela lui a permis de comprendre de nombreux signaux que lui envoyait son bébé et de simplifier son quotidien à ses côtés.
Attention cependant, comme nous le rappelle Aline Gontier*, à la pertinence des informations à votre disposition sur Internet.
Mais qui n’impose pas
Contrairement à ce que rapporte un célèbre article de journal, le maternage proximal n’est pas une pratique. La notion de pratique faisant référence à des critères à remplir pour y correspondre.
Materner de façon proximale, c’est plutôt un art de vivre que chacun adaptera à ses propres réalités.
Exit donc le co-dodo intensif, l’allaitement à la demande sinon rien, le portage exclusif, la motricité libre qui jette toute stimulation au rebut, une DME à tout prix, …
Un extrémisme qui existe bel et bien sur les réseaux sociaux, et qui peut réellement mettre en difficulté certains parents.
Perte de repères, dévalorisation, incompréhension, pression parentale, culpabilité … peuvent ainsi également faire partie du tableau du maternage proximal.
C’est d’ailleurs ce que nous raconte Alexia Tobelem* qui s’est vue exhortée à poursuivre à tout prix un allaitement pour lequel elle vivait une importante aversion.
Anna et Marianne l’ont également déjà constaté, respectivement, dans leurs consultations alimentation et sommeil de l’enfant.
Un maternage aux définitions multiples
Chaque famille qui adopte cette façon de vivre les relations parents-enfants aura sa propre définition. Celle qui convient à ses contraintes, aux besoins de son enfant, à son tempérament mais aussi à ses propres besoins de parents.
Pour aller plus loin, on pourrait même considérer plusieurs définitions par famille puisque chaque enfant possède des besoins et un tempérament particulier.
Comme nous l’explique Marianne, on peut trouver des différences au sein d’une même fratrie. Sa fille détestait le portage et adorait le bain libre, alors que son fils ne dormait qu’en écharpe et paniquait dans la grande baignoire.
À chaque famille, donc, de placer le curseur pour chacun de ses membres entre les deux extrêmes que le modèle du maternage proximal met, sans doute sans le vouloir, en évidence : celui du maternage distal, empli d’objets de puériculture, et celui du maternage proximal à tout prix, en mode package.
Le maternage proximal, c’est surtout un accordage entre un enfant et sa mère (le père, et toute autre figure d’attachement) avec des outils qui peuvent faciliter la relation, la parentalité, la construction de l’enfant. Si tant est que cela corresponde autant à l’enfant qu’au parent.
Alexia Tobelem
On sait aujourd’hui, nous rappelle Aline, que ce qui contribue au bon développement de l’enfant, c’est l’écoute de ses besoins, l’observation et la réponse en adéquation de la personne qui l’accompagne.
C’est là toute la spécificité du maternage proximal : s’adapter de corps et d’esprit. Et c’est très psychomot 😇
Aviez-vous participé à notre table ronde du 25 janvier 2021 ?
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Que cela vous ait plu ou que vous l’ayez loupée, sachez que nous remettons le couvert en septembre.
Ce sera toujours gratuit, fun et psychomot.
* Pour aller plus loin avec mes invitées
- Marianne Bertrel est accompagnante parentale. Ses thématiques de prédilection sont les couches lavables, l’hygiène naturelle infantile, le sommeil du bébé et de l’enfant, l’allaitement et la diversification alimentaire. Retrouvez-là sur son site mariannebertrel.com et sur Instagram @marianne_accompagnante_parent
- Rokiyah Hosen est psychomotricienne. Elle est formatrice en Hygiène Naturelle Infantile (HNI), une pratique qui consiste à accompagner les bébés et les enfants dans leur besoin d’élimination des selles et des urines par la communication. Retrouvez-là sur son site misspsychomot.com et sur Instagram @miss_psychomot
- Anna Bonneviot-Lalot est orthophoniste. Expatriée à Londres, elle s’est passionnée pour la pédiatrie et les troubles de l’oralité. La diversification alimentaire sous toutes ses formes fait partie de ses sujets de passion et d’expertise. Retrouvez-là sur son site seedsandcarry.com et sur Instagram @seedsandcarry
- Aline Gontier est psychomotricienne. Elle est spécialisée dans l’éveil psychomoteur du bébé et du jeune enfant. Elle est également monitrice de portage. Retrouvez-là sur son site accompagner-bb.fr et sur Instagram @accompagnerbb
- Alexia Tobelem est psychomotricienne et passionnée par la petite enfance. Elle a travaillé en crèche et elle vit un maternage proximal avec sa fille. Retrouvez-là sur Instagram @psychomamotricienne.