La motricité libre est une pratique qui tend à se répandre.
Et c’est génial. Car il est important de prendre soin de la motricité. Elle représente une porte d’entrée pour le développement psychomoteur dans son ensemble.
C’est sur base de la motricité que s’étaye le développement dans ses aspects sensoriels, émotionnels et intellectuels. Elle constitue donc comme un socle solide, une fondation pour la structuration de toutes ces acquisitions.
Mais avant d’appliquer à la lettre tous les préceptes de la motricité libre, je vous propose de garder certaines nuances à l’esprit.
Et si vous préférez lire, voici le résumé :
Les origines de la motricité libre
Dans notre société, on a bien trop souvent tendance à créer un véritable carcan autour de nos bébés. Ça part de 3 grandes intentions, à priori bonnes :
- celle de protéger, rassurer et envelopper les bébés dans un cocon de douceur et de bienveillance ;
- celle de faciliter la tâche des personnes qui s’occupent des bébés en les plaçant à leur hauteur dans du matériel hors-solisant ;
- celle de pousser les bébés vers l’autonomie motrice tant attendue.
Même si ces intentions sont positives et n’ont certainement pas pour but de nuire au bon développement des bébés, elles ne sont pas toujours sans conséquences.
Et c’est là que la motricité libre vient remettre les pendules à l’heure.
C’est un concept déjà ancien qui a été développé par Emmi Pikler, une pédiatre Hongroise dans le contexte de l’après-guerre.
En résumé, cela consiste à libérer les bébés de toutes les entraves susceptibles de perturber le développement de leur motricité.
Une pratique à nuancer
Avec sa notoriété grandissante, la motricité libre envahit les réseaux sociaux. C’est top, mais je voudrais attirer votre attention sur certains points à nuancer. Attention à un certain jusqu’au-boutisme.
Libérer votre bébé de ses entraves motrices, l’installer sur un tapis de sol adapté et attendre que ça vienne naturellement … ce n’est pas suffisant.
Un bébé se développe dans la relation. Il a donc besoin, dès sa naissance, d’être en interaction avec des adultes bienveillants. Il a besoin de jouer pour expérimenter son corps et ses possibilités.
Ce n’est donc absolument pas contrindiqué de le stimuler. De lui proposer des situations d’expérimentation corporelle. Essayer d’influencer son développement n’est pas néfaste si cela est bien réalisé.
Sentez-vous libre de …
lui proposer le plat ventre (allongé sur votre propre buste) ;
l’inciter à se retourner en attirant sa curiosité avec des objets attrayants ;
le stimuler avec votre voix, votre corps, des jouets ;
le rejoindre sur son tapis d’éveil pour partager des moments ludiques et d’apprentissages ;
varier les dispositifs dans lesquels vous installez votre bébé (le tapis de sol, le portage à bras, les systèmes de portage physiologique, sur le matelas, la table à langer, la baignoire) ;
montrer le chemin à votre bébé pour l’aider à changer de position.
Tout est possible tant qu’il y a du plaisir et que les excès de contraintes sont évités. Il s’agit bien entendu de s’ajuster aux capacités motrices de votre bébé et d’éviter de le soumettre à des situations trop exigeantes pour son niveau de développement.
La recherche de la variété motrice
Pour moi, l’enjeu de la motricité libre est en réalité double :
- Le premier enjeu est bien celui de libérer le corps des contraintes excessives et des entraves au mouvement. Mais cela ne se limite pas à ça.
- Place ensuite à la recherche de la variété motrice pour enrichir le laboratoire d’expérience de votre bébé et étoffer ses compétences motrices.
Plus un enfant vit des expériences variées, plus il consolidera ses aptitudes et en sollicitera de nouvelles. C’est la base du développement de l’accommodation motrice.
Place à la variété de terrain (surfaces et obstacles) et de matériel (engins comme les pousseurs et les porteurs).
La stimulation a donc tout a fait sa place dans la pratique de la motricité libre. Elle ne se résume pas à la suppression des entraves. C’est une motricité libérée mais accompagnée par une stimulation pertinente qui respecte le développement physiologique de l’enfant.
En conclusion
Cette pratique s’inscrit dans une façon globale de penser l’enfant et son développement. Pour profiter du potentiel de développement que représente la liberté de mouvement, votre bébé a besoin de baigner dans un milieu relationnel sécurisant, structuré, ajusté et apaisant, dans le respect de ses besoins physiologiques de base.
Pour moi, la motricité libérée tient plus de la philosophie que de la méthode. Elle ne saurait se limiter à une liste de recommandations applicables à tous les bébés de manière générale. Il y aura d’ailleurs des enfants avec qui toutes les préconisations ne seront pas applicables, comme les bébés présentant du reflux gastro-oesophagien.
Donc, pas de stress si vous ne pouvez pas tout appliquer à 100% avec votre bébé.
Dites-moi, quels sont les aspects qui ont été plus difficiles à mettre en place chez vous ? Avez-vous parfois fait l’impasse sur certaines recommandations ?
Bonjour,
Je suis puéricultrice et directrice de crèche je suis vos podcasts depuis quelques mois. Un grand merci j’apprécie beaucoup !
Puis-je vous demander pourquoi ne pas proposer la position sur le ventre ou uniquement sur le corpsde l’adulte.
Merci
Bonjour Delphine, la position sur le ventre est sollicitante pour la musculature du bébé lorsqu’il n’y est pas encore prêt. L’intérêt de la proposer sur le corps de l’adulte sera de pouvoir s’adapter à la fatigabilité posturale du bébé. Et bien sûr, en grandissant, cette position pourra être de plus en plus proposée et ce sur des supports de plus en plus variés 🙂